An Canada, les Temps d'Attente sont utilisés pour Rationner les Services aux Patients dans les Systèmes de Santé Socialisés et Réduire les Coûts !

Dans le système de santé canadien, le délai entre l'orientation et le traitement a triplé depuis 1993.
L'offre de médecins, d'appareils d'IRM et de lits d'hôpitaux ne suffit plus à répondre à la demande de soins subventionnés par les impôts.
Le système rationne donc les services de santé en augmentant les délais d'attente.
Comme l’explique Vincent Geloso, ce problème se pose parce que le Canada, tout comme le Royaume-Uni, dispose d’un système de santé socialisé, que l’Organisation mondiale de la santé appelle "soins de santé universels".
Comme l’explique Vincent Geloso, ce problème se pose parce que le Canada, tout comme le Royaume-Uni, dispose d’un système de santé socialisé, que l’Organisation mondiale de la santé appelle "soins de santé universels".
Le rationnement des services est une nécessité dans les soins de santé socialisés.
L'attente est le prix à payer : le rationnement silencieux empoisonne les soins de santé au Canada !
Par Vincent Geloso, publié par The Daily Economy d'AEIR le 21 avril 2025
Le mois dernier, une vidéo était en vogue sur les réseaux sociaux montrant une Canadienne expliquant qu’elle avait dû attendre 13 mois pour passer un examen d’imagerie par résonance magnétique ("IRM") afin de détecter une tumeur au cerveau.
Sur X, anciennement Twitter, des commentaires de la communauté ont été publiés pour signaler que la vidéo était trompeuse.
L'attente est le prix à payer : le rationnement silencieux empoisonne les soins de santé au Canada !
Par Vincent Geloso, publié par The Daily Economy d'AEIR le 21 avril 2025
Le mois dernier, une vidéo était en vogue sur les réseaux sociaux montrant une Canadienne expliquant qu’elle avait dû attendre 13 mois pour passer un examen d’imagerie par résonance magnétique ("IRM") afin de détecter une tumeur au cerveau.
Sur X, anciennement Twitter, des commentaires de la communauté ont été publiés pour signaler que la vidéo était trompeuse.
"Ce sont les médecins, et non la province, qui décident de la priorité", a écrit un internaute.
Un autre a souligné que les temps d'attente variaient selon la province.
Rien de tout cela, cependant, ne diminue les vérités fondamentales : les soins de santé au Canada ne sont pas gratuits et ils ont deux prix : les impôts que les Canadiens paient pour cela et les temps d’attente qui les obligent à payer sous forme de rationnement des services.
Rien de tout cela, cependant, ne diminue les vérités fondamentales : les soins de santé au Canada ne sont pas gratuits et ils ont deux prix : les impôts que les Canadiens paient pour cela et les temps d’attente qui les obligent à payer sous forme de rationnement des services.
Le système de santé public canadien nécessite en réalité un rationnement pour contenir les coûts.
Comme les services sont offerts gratuitement, la demande excède l'offre de médecins, d'équipement et d'installations disponibles.
Si les différentes provinces (qui gèrent la plupart des services de santé) voulaient répondre à la demande totale, chacune devrait augmenter considérablement les impôts pour financer les services.
Pour limiter les dépenses (en gérant le déséquilibre de la prestation publique) et donc les impôts, le système repose sur le rationnement par les délais d'attente plutôt que par les prix.
Le rationnement éloigne de nombreux patients des établissements de soins ou les incite à éviter de traiter des affections mineures, mais néanmoins problématiques.
Le rationnement éloigne de nombreux patients des établissements de soins ou les incite à éviter de traiter des affections mineures, mais néanmoins problématiques.
Ces coûts ne sont pas visibles dans les impôts payés pour les soins de santé, mais ils sont bien réels et importants pour la population.
Tout cela peut ressembler à un économiste qui forcerait tout à rentrer dans la "boîte économique", mais ce point a également été reconnu par les principaux architectes des systèmes de santé publics eux-mêmes.
Tout cela peut ressembler à un économiste qui forcerait tout à rentrer dans la "boîte économique", mais ce point a également été reconnu par les principaux architectes des systèmes de santé publics eux-mêmes.
Claude Castonguay, qui a été ministre de la Santé du Québec lors de l'expansion des soins publics, l'a admis dans son autobiographie élogieuse.
En réalité, explique-t-il, l'élimination du rationnement entraînerait des coûts considérablement plus élevés – des coûts que les politiciens sont généralement peu disposés à justifier par les augmentations d'impôts nécessaires.
De nombreux rapports gouvernementaux considèrent également cela comme une caractéristique indissociable de la prestation publique – même s'ils ne l'expriment pas aussi franchement que je le fais ici.
Pour illustrer l'ampleur du rationnement (et la tendance), on peut examiner l'évolution du nombre médian de semaines entre la référence par un omnipraticien et la réception du traitement de 1993 à 2024.
Pour illustrer l'ampleur du rationnement (et la tendance), on peut examiner l'évolution du nombre médian de semaines entre la référence par un omnipraticien et la réception du traitement de 1993 à 2024.
Dans la plupart des provinces (sauf une), le temps d'attente médian en 1993 était inférieur à 12 semaines.
Aujourd'hui, toutes les provinces approchent ou dépassent 30 semaines.
Dans deux provinces, le Nouveau-Brunswick et l'Île-du-Prince-Édouard, les temps d'attente médians dépassent 69 semaines.
Pour certaines interventions , comme la neurochirurgie, le temps d'attente (pour toutes les provinces) dépasse 46 semaines.

Estimer le coût total du rationnement des soins de santé est loin d'être simple.
Le principal défi réside dans l'équilibre entre la fiabilité des données et l'étendue des pathologies prises en compte.
Si certaines procédures et pathologies sont bien documentées,
elles ne représentent qu'un sous-ensemble des pathologies soumises au rationnement.
Pour de nombreuses autres pathologies, la qualité des données est limitée ou incohérente, ce qui complique toute analyse exhaustive.
Par conséquent, la plupart des études empiriques se concentrent étroitement sur des domaines où les mesures sont plus fiables, laissant une grande partie du coût total non comptabilisée.
En 2008, l'Association médicale canadienne ("AMC") a publié une étude estimant le coût économique des temps d'attente pour quatre interventions majeures : l'arthroplastie totale, la chirurgie de la cataracte, le pontage aortocoronarien ("PAC") et l'IRM.
En 2008, l'Association médicale canadienne ("AMC") a publié une étude estimant le coût économique des temps d'attente pour quatre interventions majeures : l'arthroplastie totale, la chirurgie de la cataracte, le pontage aortocoronarien ("PAC") et l'IRM.
Pour l'année 2007, l'AMC a estimé que le coût de l'attente s'élevait à 14,8 milliards de dollars canadiens.
Par rapport à la taille de l'économie canadienne à l'époque, cela représentait environ 1,3% du produit intérieur brut (« PIB »).
Cette étude ne tenait pas compte, comme l'a souligné un ancien président de l'AMC, des 4,4 milliards de dollars de recettes publiques perdues en raison de la réduction de l'activité économique.
Elle ne tient pas non plus compte du coût des temps d'attente pour les nouveaux médicaments.
Ces procédures ne rendent pas compte de l'ampleur des retards dans le système et ne concernent que quelques procédures – et l'analyse s'est concentrée uniquement sur une définition arbitraire des délais d'attente "excessifs".
Ces procédures ne rendent pas compte de l'ampleur des retards dans le système et ne concernent que quelques procédures – et l'analyse s'est concentrée uniquement sur une définition arbitraire des délais d'attente "excessifs".
En 2013, le Conference Board du Canada a constaté que l'ajout de deux affections supplémentaires faisait passer le coût de 14,8 milliards de dollars à 20,1 milliards de dollars .
Une autre étude a utilisé une méthode similaire, mais a pris en compte le coût en termes de perte de salaire et de loisirs.
Une autre étude a utilisé une méthode similaire, mais a pris en compte le coût en termes de perte de salaire et de loisirs.
Elle est arrivée à un chiffre, pour 2023, de 10,6 milliards de dollars, soit 8.730 dollars par patient en attente.
Une étude a tenté d'estimer le coût du rationnement en termes de vies perdues.
Une étude a tenté d'estimer le coût du rationnement en termes de vies perdues.
Cela peut paraître insensé, mais qui dit vies perdues dit perte de productivité, une façon d'estimer le coût des temps d'attente.
Une étude a révélé qu'une semaine de retard supplémentaire entre la consultation d'un médecin généraliste et une intervention chirurgicale augmentait le taux de mortalité chez les femmes de 3 pour 100.000 habitants.
Sachant que la perte d'une vie est estimée à 6,5 millions de dollars canadiens, il s'agit d'un coût social non négligeable en termes de mortalité.
Et tout cela pour quoi ?
Et tout cela pour quoi ?
On pourrait arguer que ces délais d'attente sont liés à la qualité des soins une fois obtenus.
Ce n'est pas vrai non plus.
En tenant compte de l’âge de la population, le Canada se classe (sur 30) :#28 chez les médecins
#24 dans les lits de soins
#25 dans les unités d'IRM
#26 dans les scanners CT
Dans une étude comparative examinant les résultats des soins – comme le traitement du cancer, la sécurité des patients et la réussite des interventions –, "le Canada a obtenu de bons résultats sur cinq indicateurs de qualité clinique, mais ses résultats sur les six autres ont été jugés moyens ou médiocres".
En tenant compte de l’âge de la population, le Canada se classe (sur 30) :#28 chez les médecins
#24 dans les lits de soins
#25 dans les unités d'IRM
#26 dans les scanners CT
Dans une étude comparative examinant les résultats des soins – comme le traitement du cancer, la sécurité des patients et la réussite des interventions –, "le Canada a obtenu de bons résultats sur cinq indicateurs de qualité clinique, mais ses résultats sur les six autres ont été jugés moyens ou médiocres".
Et ce, malgré le fait que, après ajustement pour la structure par âge de la population, le Canada se classe comme le pays dépensant le plus parmi un groupe de 30 pays comparables.
En réalité, quelles que soient les nuances que l’on souhaite introduire – que ce soit de bonne foi, de manière pédante ou simplement pour troller – le message central de la vidéo virale reste pertinent : les soins de santé canadiens sont efficaces pour ceux qui peuvent se permettre d’attendre. Et j’ajouterais : attendez très longtemps.
Tribune libre : Comment améliorer les soins de santé et les rendre plus abordables, 6 juillet 2021 !
À propos de l'auteur :
Vincent Geloso, chercheur principal à l'American Institute for Economic Research ("AIER"), est professeur adjoint d'économie à l'Université George Mason. Il est titulaire d'un doctorat en histoire économique de la London School of Economics. Vous pouvez le suivre sur Twitter (désormais X) ICI.
À lire également : Soins hospitaliers du NHS : Qui attend et qu'attend-on ? Nuffield Trust, 10 octobre 2024
Vincent Geloso, chercheur principal à l'American Institute for Economic Research ("AIER"), est professeur adjoint d'économie à l'Université George Mason. Il est titulaire d'un doctorat en histoire économique de la London School of Economics. Vous pouvez le suivre sur Twitter (désormais X) ICI.
À lire également : Soins hospitaliers du NHS : Qui attend et qu'attend-on ? Nuffield Trust, 10 octobre 2024